du Ier au XIX siècle

Le site de Frizet fut occupé et cultivé depuis au moins l’époque gallo-romaine, comme en attestent les quelques vestiges découverts : notamment une villa romaine sur la plaine de Berlacomine, une autre entre les vieux chemins « Su L’Tidge » et « Al Tchode Ewe », et deux cimetières situés dans les environs, l’un gallo-romain et le second mérovingien. La présence, toujours visible, de deux tumuli en bordure du bois des Tombes témoigne également de cette occupation antique. Une pièce de monnaie, appelée « le denier de Vedrin », attribuée au règne de Charles le Chauve (843-877), tend à prouver l’existence d’un fiscus carolingien à cette époque, dont les limites correspondaient à la juridiction de la paroisse Saint-Martin (voir plus loin). Une campagne de fouilles, menée en 1980 dans le sol de la nef de l’église Saint-Martin, a mis également au jour de nombreux éléments gallo-romains. Y furent principalement relevés des tronçons de murs d’un hypocauste romain avec pilettes en place, des pièces de monnaies romaines et médiévales ainsi que des fragments de céramiques des mêmes époques. Par ailleurs, différents tronçons des murs d’une église romane, remontant vraisemblablement au VIIIe siècle, de même largeur que l’église gothique qui l’a remplacée au XVIe siècle, ont été identifiés, ainsi que des tombes datant pour la plupart d’inhumations situées entre le XIIe et le XVIIIe siècle.

L’ancienneté de l’occupation du lieu et de la fondation de Saint-Martin à cet endroit peut donc être établie avec une grande certitude. Dans les écrits, le sanctuaire apparaît pour la première fois en 1198. Dans l’acte de fondation d’une treizième prébende dans la collégiale Saint-Pierre Au Château (de Namur) Par Philippe II, Comte de Namur, il est mentionné que sont annexées qu’à cette prébende la collation de la cure et la grosse dîme de Frizet. Les archives des siècles postérieurs comprennent plusieurs mentions de Frizet et de son église. En Octobre 1452, Par exemple, le pape Nicolas V commet le doyen de Saint-Paul à Liège pour juger le différend qui s’est élevé entre le chapitre de Saint-Pierre et plusieurs laïcs au sujet des dîmes de Frizet et Vedrin. Les XVIe et XVIIe siècles furent une ère de relative prospérité économique pour la région, grâce à la création d’industries d’extraction de plomb dans la contrée, spécialement à Vedrin. Ils virent s’élever maintes églises rurales qui, pour la plupart, remplacèrent un sanctuaire vétuste. Ce fut le cas de Frizet. Le décimateur reconstruisit d’abord le chœur, endroit sacré qui se devait d’être au goût du jour.
Ensuite, lui et ses paroissiens se chargèrent de la nef. Cette première « modernisation » dut avoir lieu vers 1547. Quelques remaniements intervinrent encore par la suite : au XVIIIe siècle, on procéda à l’agrandissement des nefs et à la reconstruction des murs latéraux avec ouverture des fenêtres actuelles, et
En 1834 à l’adjonction de l’avant-porche. Sous Le régime français, l’église fut fermée pendant trois ans, de 1798 à 1801. Le 21 fructidor an VI de la République Française (7 septembre 1798), une estimation du bien national appelé l’église de Frizet fut réalisée. Le procès-verbal mentionne un revenu annuel de soixante livres et un capital de 1.200 livres. Bien que cette estimation ait été réalisée en vue d’une vente, il semble que celle-ci n’eut pas lieu et dès le concordat, en 1801, l’église ouvrit à nouveau ses portes au culte. Un fait remarquable est à noter dans l’histoire de l’église-mère de Frizet. Si, au temporel, le fiscus carolingien de Vedrin, passé dans le domaine des comtes de Namur, fut démembré assez tôt (aux XIIIe et XIVe siècles), au spirituel, la paroisse de Frizet a gardé son entité pendant près de douze siècles. Depuis ses origines jusqu’au XIXe siècle, l’église Saint-Martin fut en effet l’église principale (« integra ecclesia », comme la qualifient tous les pouillés connus) des villages et dépendances de Frizet, à savoir : Berlacomine, Champion, Cognelée, Daussoulx, Ponty, Rond-Chêne, Saint-Marc, Vedrin et Warisoulx, soit environ 3200 hectares.

Extrait de l’article « L’EGLISE SAINT-MARTIN DE FRIZET » par André GHEUR (ancien membre fondateur des l’a.s.b.l.), paru dans « Le Guetteur Wallon » N°1 – 2006