Une église à vendre ?

En 1798, la jeune République Française, qui avait interdit les cultes, et donc l’utilisation des églises à des fins religieuses, procéda à l’estimation de l’église Saint-Martin de Frizet et de son ameublement dans le but de la vendre, sinon de la rentabiliser.  Ce document permet d’imaginer l’église à cette époque.

DÉPARTEMENT DE SAMBRE-ET-MEUSE (63) –  Canton d’Émines – Commune de Frizet.

Procès-verbal d’estimation des biens non affermés et non susceptibles de division.

L’an six de la République Française, une et indivisible, le vingt et un fructidor;

En exécution de la commission à moi délivrée par l’administration centrale du département de Sambre-et-Meuse;

Je soussigné J.-B. Grand, expert demeurant à Nannines, me suis transporté assisté du citoyen Duchêne, commissaire de l’administration municipale du canton d’Émines par moi requis, sur un bien national appelé l’église de Frizet situé sur le territoire de Vedrin, et après avoir parcouru le dit bien avec le citoyen Duchêne, commissaire, constaté qu’il n’est pas dans le cas d’être divisé, et qu’il doit former un seul lot d’adjudication.  En conséquence nous avons procédé à la reconnaissance des limites dudit bien et à l’estimation des objets qui le composent, ainsi qu’il suit:

un bâtiment dit l’église de Frizet, couvert en ardoises d’environ 50 pieds de largeur, quarante pieds de hauteur et cent pieds de longueur quarrelé en grands carreaux noirs, une chaire à prêcher, quatre confessionnaux, trois autels en maçonnage surmontés de boiseries à colonnes, une balustrade en bois tourné, une petite tribune, un clocher en pierre d’environ cinquante pieds de hauteur, des cloches pesant environ quatre cent livres, quatorze croisées en verre plombées, un plafond voûté, le tout en très bon état, un petit cabinet attenant, une grande chambre couverte en ardoises servant pour l’école, presque neuve, que nous avons estimé d’un revenu annuel de soixante livres et d’un capital de 1.200 livres.

De quoi j’ai dressé le présent procès-verbal, que ledit citoyen Duchêne, commissaire de l’administration municipale a signé avec moi, lesdits jour, mois, et an que dessus.

(S) J.-B. Grand, expert        Duchêne

source: Franz Van Peteghem – Vedrin à travers les âges – 1957